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La Tunisie s’apprête à fêter le 3ème anniversaire de ce qu’on n’ose plus appeler “le printemps arabe”. Fêter est un bien grand mot. Même si la Tunisie est le pays qui s’en sort le mieux parmi ceux qui ont suivi le même chemin, le bilan n’est guère reluisant. Les Tunisiens se sont révoltés pour de meilleures conditions de vie. Les prix ont flambé, le chômage a augmenté, la situation économique bat de l’aile, un sentiment d’insécurité est né, la violence politique a éclaté. L’échec est manifeste.

3 années durant lesquelles les Tunisiens n’ont pas baissé les bras. 3 années emplies d’espoir. 3 années emplies de déceptions. Du provisoire qui dure, dure, et qui n’en finit pas…

revolution tunisienne 3 ans

 

En ce début d’année, l’annonce d’une augmentation des taxes sur les véhicules personnels et professionnels a été la goutte qui fait déborder le vase. Le mouvement populaire des agriculteurs et des transporteurs s’est répercuté en protestations dans toutes les régions du pays.

 

Face à la rue, le gouvernement a suspendu les nouvelles taxes et a hâté la cadence pour respecter l’accord conclu il y a près d’une mois avec le quartet (dont le puissant syndicat UGTT) pour sortir la Tunisie de la crise.

Le jour même, le 9 janvier, la nouvelle équipe du Conseil de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE) a été élue. Une étape importante vers l’organisation des premières élections présidentielles depuis Ben Ali.

A la suite, le premier ministre a présenté sa démission pour laisser la place à Mehdi Jomaâ, quinquagénaire ingénieur et homme d’affaire au sein d’Aérospace, une filiale de Total. Celui-ci a été chargé de former un nouveau gouvernement indépendant et neutre et de mener le pays jusqu’aux prochaines élections présidentielles.

 

Entre temps, l’Assemblée Nationale Constituante a mis les bouchées doubles pour achever la nouvelle Constitution qui a déjà plus d’une année de retard. A l’aube de 2014 enfin, les articles sont soumis au vote. Et le paquet d’articles déjà adoptés maintient les acquis tout en manifestant une avancée démocratique comme il n’y en a pas dans le monde arabe. Quelques points forts :

  • La charia, le droit islamique, ne passera pas. La Tunisie reste dans la nouvelle Constitution un « Etat civil » qui « garantit la liberté de conscience et de croyance et le libre exercice du culte » et qui interdit l’apostasie.
  • Les acquis du Code de statut personnel, promulgué en 1956 par Habib Bourguiba, ne sont pas remis en question. L’égalité hommes-femmes est maintenue et inscrite dans la Constitution. L’article 45 consacre la préservation des droits acquis de la femme, garantit l’égalité des chances et constitutionnalise le principe de la parité dans les instances élues.
  • Les « libertés d’opinion, de pensée, d’expression, d’information et d’édition sont garanties », tout comme le droit syndical et le droit de grève. La torture « morale et physique » est proscrite.

 

La nouvelle Constitution se sera pas finie pour le 14 janvier, la date des élections présidentielles n’est pas encore fixée, le nouveau gouvernement en cours de formation n’a pas promis de miracles. Mais un nouvel élan est donné, un nouveau rythme, qui laissent présager une avancée rapide vers, peut-être, le bout du tunnel.

Le 14 janvier 2014, la “révolution tunisienne” aura 3 ans. Pour son anniversaire et en ce début d’année, je lui souhaite de relever enfin les défis qu’elle s’est fixée, dans l’esprit pacifique d’ouverture et de liberté qui est celui des Tunisiens.

Bonne année à la Tunisie, aux Tunisiens et à vous !

 

Image © Carte a imprimer du net