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Mahdia est une une petite ville qui m’a charmée dès que j’y ai posé les pieds. Je vous en ai parlé ici et là sur mon blog et sur Terra Nomadis, je partage régulièrement des images de la ville sur ma page Facebook, mais elle mérite bien un article à part entière !

Située sur une presqu’île rocheuse, elle vit au rythme régulier de la mer. Un port de pêche, une medina entre deux eaux, un fort, un cimetière marin, des barques de couleur vive. On y sent encore l’authenticité.

Une vie simple de bourgade bordée de tous côtés par la mer, sans oublier, qu’autrefois, Mahdia fut aussi capitale de l’Ifriqiya…

 

Mahdia, à la pointe du Cap Afrique

 

mahdia cap afrique

 Une presqu’île s’avançant dans la mer, une médina entre deux eaux…

Mahdia est une bourgade à taille humaine d’environ 50 000 habitants. Elle fait partie de la région du Sahel et se situe sur la côte entre Sfax et Sousse.

L’originalité et le charme de cette ville est d’être construite sur une presqu’île s’avançant dans la mer, le promontoire du Cap Afrique. Une ville et une vie tournée vers la mer, de part et d’autre de la médina. Mahdia est le premier port de pêche tunisien.

 

Une médina entre deux eaux

 

La médina de Mahdia est une des plus intéressantes de la Tunisie. Pleine de charme, elle renferme de nombreux trésors cachés qu’on ne découvre qu’en prenant le temps de flâner…

Entrez dans la médina par l’imposante porte Skifa el Kahla, seul vestige de la double muraille de la ville. Ce porche voûté et sombre, tel que son nom l’indique, abrite le pittoresque marché des habits traditionnels, tenu par des femmes.

Passé la porte, vous entrez dans le souk…

Les souks sont regroupés dans les deux rues parallèles qui vont de la Skifa à la Grande Mosquée. Hormis les boutiques touristiques, vous découvrirez toute la richesse de l’artisanat de Mahdia à travers les très nombreux bijoutiers et ateliers de tissage : bijoux d’or, d’argent et d’ambre ; tissus de coton, en soie et fils d’or, aux couleurs vives et variées.

 

mahdia atelier de tissage

 Des tissus en soie et fils d’or, aux couleurs vives et variées…

La rue principale longe la petite place du Caire, pleine de charme avec son vieux café à arcades et ses joueurs de dominos en chéchia et burnous. Une très jolie place dominée par la mosquée Mustapha Hamza, sculptée au 18ème siècle, que les habitués ne remarquent même plus.

Un peu plus loin, vous atteignez l’esplanade où se trouve la Grande Mosquée. L’édifice actuel est une copie réalisée dans les années 1960 d’après le plan de la mosquée fatimide de 916, celle-ci ayant été détruite par les Espagnols en 1554. Cette mosquée, dépourvue de minaret, ne se visite pas.

Au-delà des souks, la seconde partie de la médina est plus particulièrement réservée aux habitations. Perdez-vous dans le dédale intime de ses ruelles et impasses. Vous y découvrirez – entre autres – de superbes maisons, de très belles portes et des sourires d’enfants…

 

Un cimetière marin

 

Bordé de tous côtés par “la mer sans cesse recommencée”, le cimetière magique de Mahdia étend d’une rive à l’autre du promontoire, sa blancheur immaculée. Avec le jaune vif de son champ de marguerites au printemps, les profondes silhouettes des ruines des remparts qui l’entourent, ou l’épave d’une barque sur la roche cendrée de la calanque voisine, ce cimetière marin procure, comme nulle part ailleurs, un apaisement, une détente spirituelle.»

Moncef Ghachem, poète mahdois contemporain que j’ai eu l’honneur de rencontrer

 

mahdia cimetiere marin

 Tourné vers la mer, un cimetière aux tombes blanches…

Allez flâner dans ce cimetière qui termine majestueusement la presqu’île, c’est un cimetière… vivant ! Une route le traverse, des moutons y paissent, les femmes s’y recueillent, les enfants viennent plonger dans la mer qui le borde.

En contrebas, creusé dans la roche, le vieux port fatimide abrite encore quelques barques de pêcheurs, aux jolies couleurs. On y entrait autrefois par une arche faite dans le mur, encore visible : Bab el Bahr, la porte de la mer.

Sur ses hauteurs, le borj El Kebir, une imposante forteresse édifiée par les Turcs au 16ème siècle. Du haut de ses remparts, vous dominez d’un côté la ville et la campagne environnante, de l’autre le cimetière et la mer.

Rejoignez la Grande Mosquée par la route de la corniche, épousant la côte rocheuse. Très belles demeures face à la mer, certaines les pieds dans l’eau. Superbe !

 

Un peu d’histoire

 

Son histoire remonte à l’époque punique et romaine, où une cité occupait alors le promontoire au bout du cap.

En 916, Obaïd Allah, surnommé El Mahdi, le sauveur, y posa la première pierre de sa future capitale, à la faveur de la dynastie fatimide chiite. Une médina voulue invincible et conquérante fut établie, fortifiée et développée autour du palais et de la Grande Mosquée. Du promontoire du cap Afrique, la dynastie fatimide régna alors sur la Tripolitaine, la Sicile, l’Algérie et la Tunisie.

Jusqu’en 973, la cité connut une vie intellectuelle et artistique remarquable à laquelle chacun, homme comme femme, prenait part, puisque les femmes fatimides pouvaient être juges, savantes, guerrières…
mahdia grande mosquee

 La Grande Mosquée © Oussama Boubaker

Mais face aux assauts rivaux, le siège du gouvernement fut de nouveau transféré près de Kairouan puis en Egypte après la fondation du Caire.

Capitale abandonnée, Mahdia resta cependant une place forte et sécurisée et devint le refuge du pouvoir ziride qui se détacha de son suzerain fatimide. Coupée des campagnes ravagées par les hordes hilaliennes envoyées d’Egypte pour se venger, les habitants se tournèrent vers la mer en développant le commerce, la pêche… et la piraterie. Rien de tel pour garder une certaine prospérité !

Mais les représailles suivirent avec la première expédition de chrétiens en 1088. Siciliens, Français, Génois, Normands, Espagnols… Successivement, ils pillèrent et dévastèrent la cité. Les Espagnols, en évacuant la place en 1554, firent sauter les remparts et endommagèrent de nombreux bâtiments, dont la Grande Mosquée. Le calme et la stabilité ne revinrent qu’au 16ème siècle avec la domination ottomane.

L’artisanat et le commerce furent relancés, enrichis par l’arrivée d’immigrants de tout le bassin méditerranéen. Dès les années 1870, Mahdia fut fréquentée chaque été par les Siciliens qui la surnommaient “la ville à la sardine” et initièrent les pêcheurs à la pêche au lamparo avant de s’y installer face au nouveau port.

Le premier moyen-métrage tunisien, Une chaîne en or, réalisée en 1959 par Khaled Abdulwahab, raconte comment les femmes de Mahdia, en sacrifiant leurs bijoux, permirent à leurs maris de racheter aux Siciliens leur flottille de pêche. Le premier rôle était tenue par une ravissante inconnue de dix-huit ans, Claudia Cardinale…

 

A voir, A faire

  • La médina, le cimetière marin et l’ancien port, en prenant le temps d’y flâner
  • Le port pour son ambiance animée et le marché au poissons
  • La plage le long de la corniche pour une balade ou une baignade dans une eau limpide

mahdia corniche

 La route de la corniche, épousant la côte rocheuse, face à la mer…

A visiter

  • La Skifa el Kahla et le bordj el Kebir pour la vue panoramique
  • Le musée régional de Mahdia
  • Dar Sghir dans la médina, une maison mahdoise reconstituée

Activités

  • Plongée sous-marine pour la richesse de la faune maritime, ses épaves et la splendeur de ses paysages
  • Tout sport nautique
  • Equitation

Quelques adresses sympas

  • Le café Gamra place du Caire et le café Sidi Salem surplombant la falaise entre la Grande Mosquée et le bordj el Kebir
  • Le restaurant Le Lido face au port (prix moyens), chez Ali dans les ruelles près du marché (petits prix)

Vous avez d’autres adresses sympas ? Notez-les dans les commentaires.

Aux alentours

  • El Jem, son amphithéâtre romain et ses mosaïques
  • Kairouan et ses mosquées
  • Les medinas de Sfax et de Sousse
  • Le ribat de Monastir

 

Où loger

Vous avez le choix entre quelques hôtels dans la médina, sur la corniche et au centre-ville. D’autres sont plus éloignés dans la zone touristique.

 

mahdia, ses eaux limpides

 

Photos glanées au fil du net, merci aux photographes, connus ou inconnus…