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Ces élections, on en parle depuis des années. Des élections attendues, avec impatience, espoir et craintes. Dimanche 26 octobre, près de quatre ans après la révolte de janvier 2011 et trois ans après l’élection de l’Assemblée constituante remportée par Ennahda, les Tunisiens étaient appelés aux urnes pour les élections législatives.

Des élections particulièrement importantes puisque ce sont les premières organisées depuis la nouvelle Constitution, adoptée le 26 janvier 2014.  Un scrutin qui met fin à la période de transition démocratique. Un nouveau départ pour la Tunisie…

 

Résultats des élections

 

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Malgré l’importance de ces élections et des délais d’inscription plusieurs fois repoussés, seulement un peu plus de 5 millions de Tunisiens se sont inscrits cet été sur les listes électorales, pour un corps électoral estimé entre  7 et 8 millions, montrant toute la désillusion d’une tranche de la population et particulièrement celle des jeunes des régions défavorisées à l’origine des révoltes de 2011.

Contre toute attente, la participation nationale aux élections législatives a finalement été plus qu’honorable : 69% d’électeurs inscrits en Tunisie se sont déplacés pour voter. A 6h30 du matin, on voyait déjà de nombreuses personnes faire la queue en attendant l’ouverture des bureaux. Un taux beaucoup plus faible à l’étranger avec 29% seulement mais aussi quelques défaillances dans certains bureaux de vote.

1327 listes électorales étaient en course. Pour éviter la dispersion des voix qui avait permis à Ennadha, le parti islamiste, de remporter les élections de l’Assemblée constituante en 2011, beaucoup ont appelé à « voter utile » pour s’unir contre les islamistes.

L’appel a été suivi dans une forte majorité. Nidaa Tounès ou « Appel de la Tunisie » a remporté 85 sièges contre 69 sièges pour Ennadha.

Loin derrière, l’Union Patriotique Libre (UPL) de Slim Riahi, richissime homme d’affaires, propriétaire du Club africain de football, obtient 16 sièges, le Front Populaire 15 et 8 pour d’Afek Tounes. Les 24 sièges restants sont partagés entre plusieurs partis et listes indépendantes.

 

Le parti vainqueur : Nidaa Tounès

Créé en 2012 autour de la figure de Béji Caïd Essebsi, un ancien compagnon de lutte de Bourguiba, Nidaa Tounès s’était clairement donné pour objectif de battre Ennahda.

C’est un parti composite. Il regroupe aussi bien des hommes d’affaires que des intellectuels, des syndicalistes, des militants de gauche, des héritiers des mouvements destouriens tunisiens ou encore des proches de l’ancien régime de Ben Ali.

Ce n’est pas un parti laïc comme on le présente en France, les Tunisiens ne renient pas leur identité arabo-musulmane. C’est plutôt une formation contre l’islam politique. « L’islam de Nidaa Tounès n’est pas celui du mouvement Ennahda. Notre islam est tunisien. », précise Béji Caïd Essebsi.

 

Un nouveau départ

Après ces législatives, la prochaine échéance sera l’élection présidentielle le 23 novembre 2014. Parmi les 27 candidats qui se présentent à cette élection, Beji Caid Essebsi, le fondateur de Nidaa Tounès, semble être favori. Mais quelle que soit la personne élue, des alliances entre partis seront nécessaires et marqueront l’avenir politique de la Tunisie.

Les nouveaux élus auront du pain sur la planche pour redresser le pays. Les chantiers sont immenses et les ressources limitées. Sécurité, paix sociale, économie, chômage, environnement, etc… Des réformes seront forcément nécessaires et certainement douloureuses.

L’avenir nous dira. En attendant, je fais confiance aux Tunisiens pour relever ces défis…

 

Crédit photo : targa-consult.com