Sélectionner une page

Dimanche 23 octobre, les Tunisiens sont appelés à élire une assemblée constituante. C’est un rendez-vous historique pour la Tunisie postrévolutionnaire. Des élections qui, selon les observateurs tunisiens et étrangers, devraient se passer pour la première fois dans la transparence.

Des élections attendues, remplies d’espoir pour certains, de désillusions pour d’autres, de craintes pour quelqu’uns…

elections en tunisie

9 mois de gestation

Le 14 janvier 2011, le président Ben Ali fuyait le pays, chassé par un soulèvement populaire. Un gouvernement provisoire prenait la suite, puis un deuxième. Des élections prévues le 24 juillet, repoussées au 23 octobre. La chemin fut long, semé d’embûches, d’espoirs immenses, de déceptions, de questionnements, de réflexions, d’incompréhensions.

Fini le parti unique ! Plus de 100 partis légalisés, 10 937 candidats sur 1 424 listes. Liberté, démocratie, refus de l’arbitraire, les thèmes de campagne se ressemblent. Difficile de savoir où donner de la tête alors que la culture politique de la plupart des Tunisiens est encore balbutiante et que certains pensent encore qu’un président sera élu dimanche prochain…

La future assemblée constituante

Élus à la proportionnelle au plus fort reste, les 217 membres de la future assemblée constituante auront la charge de rédiger une nouvelle Constitution.

Elle devra également former un nouveau gouvernement de transition qui exercera jusqu’à de futures élections présidentielles. Pour éviter un vide juridique, le gouvernement provisoire actuel continuera à gérer les affaires courantes du pays pendant 5 à 10 jours au maximum, jusqu’à la proclamation du nouveau gouvernement.

Quelle sera la durée de la mission de l’assemblée constituante, son rôle, les fondements de la nouvelle constitution ? Le consensus au sein de l’assemblée et de ses 217 membres  sera-t-il assuré ? Beaucoup de questions restent en suspend et les avis et positions se croisent.

Quelle loi fondamentale pour la Tunisie de demain et pour quel projet de société ensuite ? L’enjeu du scrutin est énorme, non seulement pour la classe politique tunisienne, mais aussi pour chaque citoyen. Mais si certains se mobilisent à fond, l’indifférence d’une grande part des électeurs potentiels est inquiétante.

Des électeurs indécis et dubitatifs

7,5 millions d’électeurs sont appelés à voter.  Près de 55 % seulement se sont inscrits. A Sidi Bouzid, symbole de la révolution tunisienne, la moitié des jeunes de la ville n’iraient pas voter. Crise de confiance entre le peuple et les politiques, profusion des partis en lice pour le scrutin, mais surtout, l’impression que rien n’a changé.

Des choses ont changé, profondément, mais les effets tardent trop à se faire sentir pour cette Tunisie qui n’en peut plus d’attendre une vie meilleure La colère, les griefs et revendications de la Tunisie de l’intérieur n’ont pas été compris par une élite politique du littoral urbain, deux mondes tellement distants.

Le mouvement islamiste modéré Ennadha, prônant retour aux valeurs et travail, joue sur un discours populaire qui rassure. Une montée en puissance qui inquiète les nombreux Tunisiens militant pour un Etat civil.

Les 9 mois de gestation sont long. Mais tout a été mis en place pour que la révolution tunisienne aboutisse à la démocratie tant attendue. Le choix de l’élection à la proportionnelle permettra une répartition plus juste et équilibrée des sièges. Les Tunisiens qui ne se sont pas enregistrés pourront tout de même voter en présentant leur carte d’identité.

Les 20,21 et 22 octobre, les Tunisiens de l’étranger seront les premiers à voter.  Le 23 octobre, ce sera le grand jour en Tunisie. Un vrai nouveau point de départ…