Contrastant avec les paysages ocre du désert, les oasis ressemblent à des îles flottant sur les sables.
Particulièrement bien soignées, ce sont alors des jardins, de véritables îlots de verdure et de fraîcheur au milieu d’un océan de dunes et de pierres.
Des jardins à trois niveaux
Élancés et altiers, les palmiers-dattiers dominent les vergers composés de grenadiers, d’abricotiers, d’orangers et de citronniers. A leur pied, à l’intérieur des parcelles soigneusement dessinées, on cultive des légumes et des fleurs.
Les dattiers produisent en automne la deglet en nour, le « doigt de lumière », l’une des plus savoureuses dattes. On peut les acheter sur place en petits régimes ou en boîtes. On en extrait également un suc laiteux, riche en vitamines et sels minéraux : le lâghmi, que l’on boit frais ou fermenté.
Dans le Djerid, chaque puits ou source a vu naître une civilisation, un village, ou tout simplement une famille. Symbole de l’éternité, le palmier est devenu l’arbre de l’Islam.
Tozeur, l’une des oasis les plus célèbres au monde
Tozeur abrite une splendide palmeraie de plus de 1 000 hectares plantés de 400 000 arbres.
Pendant sept siècles, jusqu’à il y a quelques années, cette vaste palmeraie a permis à Tozeur d’être auto-suffisante sur le plan alimentaire, grâce à une organisation culturale de type oasien : légumes au niveau du sol, fruits au premier étage et dattes à l’étage supérieure. La production maraîchère était basée sur une utilisation raisonnable et équitable de l’eau. Chacun pouvait accéder à cette ressource et participait à l’entretien de la palmeraie.
Sans idéaliser la situation, il existait sur le terrain un relatif équilibre écologique, économique et social.
Actuellement encore, la palmeraie est irriguée par deux cents sources réunies dans un cours d’eau central et redistribuées par un réseau serré de barrages et de canaux. Mais jadis abondante, l’eau est devenue rare et chère en se « marchandisant » : fragilisation du régime des pluies, montée générale des températures moyennes, concurrence avec les hôtels pour l’accession à l’eau, ouverture d’un golf…
Une palmeraie en déclin
Aujourd’hui, on puise une eau fossile, chaude et salée, par 2 000 mètres de fond. Le danger de voir disparaître l’oasis dans les sables est réel. La palmeraie recule inexorablement au profit du désert. Seules 25% des terres sont cultivées, et de nombreux palmiers meurent, faute d’arrosage et d’entretien.
Face à ces transformations, les travailleurs de l’oasis ont quitté progressivement leurs champs pour se consacrer aux activités touristiques, tournant le dos à des siècles de pratiques agricoles. Avec le déclin de la palmeraie, les habitants de Tozeur, comme ceux de beaucoup d’ autres oasis du Djerid, ont perdu leur autonomie alimentaire. Mais bien au-delà, ils ont perdu leur dignité.
Si la beauté des sites et des cultures que les oasis offrent nous attire, nous ne devons pas pour autant oublier leur extrême fragilité face à un modèle de développement économique « moderne », bien peu respectueux de la nature et des cultures locales…
Le 17 juin est la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse.