El Guettar est une petite ville situé à une vingtaine de km de Gafsa. Je l’ai souvent traversée, sans m’y arrêter. Pourtant, elle cache de nombreux petits trésors qui méritent une visite à part entière. Son festival du printemps a été l’occasion de les découvrir…
Lalla Galla
« Lalla Galla », c’est cette colline qui borde la route nationale traversant la ville. Elle m’a toujours interpellée car on voit souvent des personnes y grimper. Il y a même des escaliers. J’ai enfin pu découvrir sa légende…
Entre traditions païennes et rites islamiques, on y vient pour une cérémonie religieuse, une demande, une bénédiction. On allume des bougies dans les quelques grottes et les ossements sur la colline témoignent des nombreux sacrifices d’animaux, tués selon un rite bien précis.
Une vue panoramique
Du haut de la colline, la vue est superbe !
D’un côté, le Djebel Orbata aux monts ocre et secs invitant à l’escalade, et quelques « jardins » et plantations bénéficiant du ruissellement des quelques pluies.
De l’autre, la ville, l’oasis et le chott scintillant de sel, bordé par une autre chaine de montagnes.
Le souk ancien
Après la colline, direction le souk ancien avec sa place, sa mosquée, ses anciennes boutiques et un foundouk en ruines, caravansérail qui accueillait autrefois les voyageurs et marchands à l’étage et les montures et bêtes de somme dans les écuries du bas.
El Guettar, de par sa situation géographique entre l’Est de l’Afrique du Nord et la mer, a longtemps été un point de relais important sur la route des caravanes, déjà du temps des Berbères, des Romains puis des Musulmans. Les marchands apportaient avec eux des marchandises mais aussi de nouvelles idées, de nouvelles langues, de nouvelles familles qui s’installaient, de nouvelles religions, de nouvelles techniques, de nouveaux plats et saveurs. Toute une richesse de cultures brassées que l’on retrouve encore dans le quotidien d’El Guettar, même si la ville a perdu son importance économique avec l’arrêt des caravanes.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
En cette première journée de festival, le souk ancien fourmillait de monde. Des habitants d’El Guettar mais aussi des Tunisiens d’ailleurs jusqu’aux grandes villes du Nord, des photographes du monde entier pour le concours de photographies et quelques rares touristes étrangers. Des spectacles, expositions et animations étaient proposées pour présenter toute la richesse culturelle de la ville et région :
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Un artisanat spécifique
<– Le « Rhaa », moulin à grains fabriqué à base de pierres sédimentaires spécifiques extraites uniquement dans l’oued Tarfa à une dizaine de km d’El Guettar
Couffins et plateaux à base de feuilles de palmier –>
Tapis aux motifs inspirés de la civilisation berbère et arabo-musulmane… et bijoux artisanaux –>
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Un patrimoine culinaire riche
Ce jour-là était prévu un concours culinaire… et nous nous sommes régalés !
De nombreux pains différents, des couscous variés, une multitude de plats que je n’avais jamais goûtés ailleurs en Tunisie, l’ajout de plantes et aromates locaux, 1001 saveurs et odeurs alléchantes… Désolée, je n’ai qu’un petit échantillon d’images pour vous. Pour goûter et savourer, il faut venir… 😉
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Des traditions anciennes toujours présentes
Dans le vieux foundouk étaient exposés des jeux traditionnels auxquels les anciens jouent encore. Cela a réveillé quelques bons souvenirs chez les jeunes et moins jeunes…
Un mariage traditionnel avec la mariée rejoignant à dos de dromadaire sa nouvelle demeure, à l’abri des regards, et un cavalier accompagnant le cortège :
Spectacle soufi par la Issaouia d’El Guettar :
© Association touristique El Guettar
L’oasis
Direction l’oasis après un déjeuner dans un très agréable parc de la ville et en très bonne compagnie.
L’oasis, ancienne, se classe parmi les oasis à 3 étages avec une grande variété de palmiers au premier étage, d’oliviers et d’arbres fruitiers (grenadiers, abricotiers, poiriers, pêchers, pistachiers…) au second et de cultures maraichères (piments, tomates, blettes, persil…) au niveau du sol.
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Un système d’irrigation spécifique
L’oasis possède un système très ancien de transfert d’eau partant du pied de la montagne pour amener l’eau des nombreuses sources jusqu’aux plantations.
Des puits creusés régulièrement le long du système d’irrigation permettent de descendre pour maintenir propres les conduits.
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Le pistachier
Le pistachier, adapté au climat de la région, est le symbole de la ville.
Sauvage à l’origine, il pousse depuis des milliers d’années au Djebel Orbata.
Grâce à une sélection naturelle, les pistaches d’El Guettar ont acquis un goût spécial qui les distinguent des autres régions.
El Guettar au temps de la préhistoire
L’histoire d’El Guettar remonte au moins au paléolithique.
A cette époque, les hommes vivaient de chasse et de cueillette. Ils habitaient dans des grottes dans les montagnes environnantes comme à El Blaida, Argoub Edchar et El Galaa, ou creusées dans la terre comme à Gatrana.
Au Néolithique, avec l’agriculture et l’élevage, ils ont quitté leurs refuges pour vivre à proximité de l’eau et de leurs champs, à El Guettar où l’eau était abondante.
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L’hermaion d’El Guettar
Des archéologues y ont découvert dans les années 1950 un tas de pierres formant une petite pyramide de 0,75 m de hauteur sur 1,30m de diamètre. Cet amas conique était formé de plusieurs dizaines de boules assez régulières mélangées à plus de 4000 outils préhistoriques en silex taillé, ainsi qu’à des dents et ossements d’animaux.
Élevé il y a 40 000 ans, à l’époque moustérienne du paléolithique moyen, ce curieux monument a été interprété comme un autel réalisé en offrande à la source d’eau voisine, aujourd’hui asséchée, traduisant un sentiment religieux ou magique.
Il a été appelé l’Hermaion par les scientifiques car il ressemble tout à fait à ces tas de pierres élevés par les Grecs au bord des routes en hommage à leur dieu Hermès, protecteur des bergers, de leurs troupeaux et des voyageurs.
Aujourd’hui, il se trouve exposé au Musée national du Bardo à Tunis. On le trouve également reconstitué au musée d’El Guettar.
El Guettar au temps de la seconde guerre mondiale
El Guettar a aussi fait parler d’elle à une époque bien plus proche : celle de la seconde guerre mondiale, dans le cadre de la campagne de Tunisie, en 1943.
En effet, la bataille d’El Guettar, qui a opposé Américains et Anglais contre Allemands et Italiens, reste célèbre en tant que première victoire américaine lors de cette guerre.
Une victoire amère pour les habitants d’El Guettar qui ont payé, par des morts et destructions, la facture de cette guerre qui n’était pas la leur…
Aujourd’hui, on peut retrouver une reconstitution de la bataille au musée d’El Guettar, présentée par un homme passionné, et nombre d’objets qu’il a lui-même ramassés au fil du temps.
© Association touristique El Guettar
Aux alentours
Une journée n’a pas suffi pour tout voir… Je reviendrai !
Parmi les choses que je souhaite encore découvrir, il y a :
- Le Djebel Orbata, massif montagneux de la chaine Atlas saharien, habité depuis la préhistoire par l’homme qui y a laissé de nombreuses empreintes de différentes époques (monuments et sites préhistoriques, vestiges romains et byzantins, villages de montagne, grottes…)
- Le Borj Erroumia, monument de l’époque coloniale installé sur le plus haut sommet de la montagne (1165 m), une place stratégique permettant de superviser toute la ville et ses alentours.
- Le village berbère de Boussad, ses grottes au sommet du mont Chrahil, ses anciens pressoirs d’huile d’olive datant certainement de l’époque antique, ses sources d’eau et ses oliviers berbères géants. Les gorges de Maala.
- La vieille mosquée de Nechiou, une des plus anciennes mosquée de la région, dont la date de construction remonte à l’époque Hafside.
- Les mines de l’oued Tarfa d’où sont extraites les pierres servant à la construction du Rhaa, le moulin à grains. Dans ce lieu à une époque recouvert par la mer, on y trouve des très nombreux coquillages et fossiles marins (canines et oeufs de poissons).
- L’ancienne ville berbère de Qatrana aux grottes reliées par de nombreux passages souterrains, ouverts sur de nombreuses pièces, avec la présence de puits, ainsi que les vestiges d’une mosquée.
Bref, de quoi y passer quelques belles journées… !
Mon avis
El Guettar mérite qu’on s’y arrête. Outre ses nombreux atouts, je profite de cet article pour saluer l’accueil chaleureux et compétent que l’on y a reçu. Pour saluer également les efforts des habitants et originaires de cette petite ville pour la création et l’organisation de ce festival de 4 jours. Chapeau !
Infos contact pour découvrir El Guettar :
Association Touristique d’Elguettar
- Email : atelguettar@gmail.com
- Page facebook
Raed Messaoud, président de l’ATE
- Email : raed248@yahoo.fr
- Tel mobile : +216 97016044
en tant que artiste peintre et militant d une association touristique je reve un jour de participer avec mon exposition au festival de la belle et charmante ville d el guettar
Pourquoi pas ? Parlez-en avec l’association touristique d’El Guettar…
23 années de Tunisie et je ne connaissais pas encore ce petit lieu fort sympathique. Merci de nous faire partager cette passion pour la Tunisie. Personnellement nous avons sillonnés ce pays d’est en ouest du nord au sud… depuis des années, et nous sommes toujours émerveillés par les rencontres, les sites, les paysages…; etc
Je découvre moi aussi encore des petits coins que je ne connais pas ! Et ceux qui sont connus sont de toute façon toujours différents, en fonction des saisons et des rencontres. Belle et chaleureuse Tunisie 🙂
Merci pour ce petit mot Pascale.
En détail je ne connais pas non plus les lieux, par contre comme pour beaucoup d’autres petites villes et agglomération, nous y avons du temps où j’étais en fonction, envoyé nos installateurs et ingénieurs pour l’installation des nombreux centraux téléphoniques sur toute la Tunisie. Le nom de tous ces endroit sont autant de mots clé vers mes souvenirs.
Ravie de vous rappeler tous ces souvenirs Roland !
Bravo à toutes les associations d’el guettar et surtout l’exellente association de protection des ruines d’El Guettar avec la musé et l’hermaion
Oui, bravo à toutes ces associations qui œuvrent à sauvegarder et faire connaitre les atouts culturels d’El Guettar !
Merci du partage !
Je voudrais bien un jour connaitre ce lieu magnifique.
Mongi bouchoucha
Merci pour ce petit mot Mongi, en espérant que cette découverte puisse se faire…
ajouter encore Christine que le chott d’elguettar est classé comme Zone humide d’importance international depuis fev 2012.
Une etude sur la zone humide s’inscrit dans le cadre du projet WWF/DGF « Zones Humides en Tunisie: UN habitat pour l’Homme ET la Nature » financé par le WWF, la DGF ET la Fondation MAVA.
Les objectifs spécifiques de cette étude sont les suivants :
Clarification des objectifs de gestion, en les priorisant, de la zone en question et sa zone tampon, afin de les prendre en considération ultérieurement dans l’élaboration des principaux axes d’intervention.
Compilation des études faites sur le site en question et en faire le résumé afin de donner au gestionnaire une vision de gestion et d’aménagement à moyen et long terme de ce Chott ainsi qu’une orientation sur la façon de diriger la gestion du site vers cette vision.
Aider dans les décisions quotidiennes concernant les problèmes complexes, en clarifiant les objectifs de gestion et en les priorisant.
Valorisation du site en question en permettant aussi bien la conservation des patrimoines naturels, culturels et paysagers du site ainsi que le développement d’activités socioéconomiques génératrices de revenus pour la population locale.
L’étude comprend 2 parties :
Un diagnostic exhaustif socioéconomique et environnemental du site,
Élaboration de fiches de projets dans le cadre du plan d’action défini pour la gestion du site.
Merci Ali pour ces précisions fort intéressantes !
Bonjour a tous je suis ne a sousse mais je suis d’origine d’el guettar et je suis fire de l’etre??