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Il était une fois le voyage quotidien d’un enseignant de mathématiques dans la Tunisie profonde.
Il était une fois la promenade d’un artiste au coeur de cette Tunisie de l’intérieur.
Il était une fois l’escapade solidaire de musiciens amateurs.
Il était une fois la balade musicale d’écoliers et d’écolières, un jour d’hiver.
Il était une fois mon voyage à travers des images de fillettes d’une Tunisie oubliée, toutes plus belles les unes que les autres, et la rencontre virtuelle avec l’artiste qui leur rend hommage…

 

voyage dans la Tunisie profonde

 Un simple montage à partir des images de Oussema Troudi

 

Commencez le voyage à travers les images de ces fillettes

puis lisez le texte de l’artiste, Oussema Troudi…

 

«  Pour commencer, je ne suis pas photographe et je ne l’ai jamais été, aussi ces photos n’ont pas été prises par moi. Je suis artiste, et que les images de ce dossier soient considérées plutôt comme une récupération et une interprétation minimalistes d’un ensemble de photographies par un plasticien (tout court).
Après cette brève mise au point, voici donc une description :

J’ai prêté mon petit appareil photo (qui mérite à peine ce nom) à mon frère Mehdi, qui est enseignant de mathématiques à Sbiba et qui aiguise sa sensibilité aux formes sans engagement ni dette envers le monde de l’art (Il dessine un peu, il fait des vidéos, il joue un peu de l’harmonica, du piano, de la guitare, du violon et de l’accordéon, il s’intéresse à la philosophie et bouquine pas mal, toujours d’une manière tout à fait désintéressée) …

Ces photo ont été donc presque commandées, mais sans trop insister et sans consigne aucune, il fallait qu’elles soient authentiques. Ces petites filles ne sont pas les élèves de Mehdi, elles sont d’une école primaire située sur une montagne dans une région appelée « Bâaza » proche de Sbiba à Kasserine. Ce jour là, Mehdi et quelques uns de ses collègues du collège de Sbiba sont allés distribuer des vêtements chauds collectés au collège sur les élèves des écoles environnantes qui n’en avaient pas, c’est à dire presque tous. Et comme ces collègues sont aussi musiciens amateurs, ils ont emmenés leurs instruments et ont joué pour les enfants des morceaux dansants tout aussi réchauffants.

Mehdi affirme que beaucoup de ces enfants étaient touchés plus par la musique, le spectacle et la découverte de ces instruments qu’ils n’avaient jamais vus de leur vie, que par les aides… Evidemment, en rentrant, ils étaient contents d’avoir de nouvelles chaussures ou un bonnet chaud, mais aussi ils fredonnaient une musique directement écoutée et fraichement ressentie…

Quant à moi, j’ai visité Sbiba quelques temps avant cela et je m’y étais promené à coeur ouvert et à mains nues, sans gadgets aucuns, ni même carnet de croquis. J’y ai fait le marché, pris un café, observé les gens et les paysages et rencontré ces regards-là au hasard des ruelles et devant les écoles… Cela m’a aidé à penser ces photos et à travailler la matière brute avec laquelle rentrait Mehdi chaque fin de semaine. J’ai donc à peine recadré quelques prises et ajouté le texte en me servant de logiciels tout aussi basiques que mon appareil photo (« Paint »…). Aussi certaines prises sont des captures d’écran sur des vidéos faites avec le même appareil ou provenant du téléphone de Mehdi qu’il utilisait faute de piles dans l’appareil photo…

Sur facebook, s’il y a ce grand nombre de « j’aime » c’est parce que j’ai passé la nuit à diffuser ces images en les postant sur les murs des mes amis et en rendant public le dossier, aussi, j’ai profité de l’application de marquage d’amis pour marquer sur chaque photo d’une fille mes amies du même prénom. Quand on lit « Je », il y a un effet de projection. le « Je m’appelle » nous rappelle tous nos premières leçons de français, notre enfance à l’école, et enfin, le sourire est encore plus « contagieux » pour celles de mes amies (marquées) qui lisent en plus leurs prénoms sur les images.
Je m’attarde sur l’explication parce que des fois l’art rend le pédagogique plus intéressant que l’art, (comme il rend la vie plus intéressante que l’art chez R. Filliou).

Cette série d’images (je préfère à « photos »), est aussi un hommage à nos jeunes inspirés qui, comme Mehdi, aiment le travail dans ces régions démunies, qui ont la foi en ce qu’ils font, qui croient profondément pouvoir faire une différence petite soit-elle, et qui savent privilégier le matériau précieux de la vie.

Mais d’abord, c’est une ouverture sur ce regard souriant des jeunes écoliers et écolières de la Tunisie profonde, ceux qui sont timides et non honteux ; ceux qui ne savent pas ce que c’est qu’un appareil photo et qui le considèrent juste comme un oeil de plus ; ceux qui sont émerveillés pas comme nous mais à leurs manières par le son d’une guitare et par la musique ; ceux qui ne savent pas ce qui se passe dans nos villes et sur nos écrans ; ceux dont notre aide toujours maladroite n’entame point la fierté et l’innocence ; ceux qu’il nous faut arrêter (parfois pour certains) de considérer comme objets de pitié et qu’il nous faut oser aimer profondément comme une partie de nous-mêmes, comme un membre de notre grande famille si petite ; ceux pour qui nous travaillons et sans lesquels notre travail n’a aucune importance ; Ceux qu’il nous faut donc connaître, mais qu’on ne peut connaître que d’abord par l’amour.
Que soient remerciés tous ceux qui ont participé à cela et ceux qui enrichissent encore cette expérience par les commentaires et les partages. »

Oussema Troudi

 

Merci Oussema pour ce voyage ! La beauté de ces fillettes est le plus beau des voyages dans la Tunisie profonde…

Rencontrez l’artiste directement sur son site : Oussema Troudi